de Matthieu Biasotto, publié le 13 décembre 2022
Modèle de discipline et d’exemplarité, dotée d’un sens du devoir aiguisé, Mei ne s’autorise qu’une seule distraction dans sa vie conforme aux exigences du Régime : prendre soin des pivoines sur son balcon.
Si on en croit ses mœurs légères, le locataire d’en face se fiche éperdument des règles édictées par le Parti et pourtant nécessaires au bien commun. Aussi bruyant que désinvolte, cet étranger installé seul avec son petit garçon vit à contre-courant, écoute sa musique occidentale bien trop forte, mais ce n’est rien à côté du défilé permanent de jeunes femmes dans son appartement.
Mei ignore ce qui se cache derrière cet homme aux cheveux longs. Tout ce dont elle est certaine, c’est qu’il n’existe qu’un moyen de le contraindre à retrouver le droit chemin et elle compte bien y recourir. Mais il se pourrait qu’en signalant les travers de son voisin, Mei déclenche un tsunami qui va bouleverser radicalement sa vie.
Deux cultures se percutent alors autour de la résilience et d’une soif de liberté, comme une superbe tache sur une toile de maître esquissant peut-être un nouvel horizon pour deux âmes, un quartier, une ville entière, et même toute la Chine.
MON AVIS
Un titre court avec un prénom aussi original que beau, une couverture aussi accrocheuse que dépaysante, un résumé sur une rencontre improbable en plein milieu d’une crise sanitaire désastreuse, un vrai choc des cultures entre une Chine inflexible et rigide et une Amérique délurée et fougueuse, entre une jeune scientifique bridée depuis sa plus tendre enfance par un parti sectaire et un papa solo – artiste peintre rebelle et une plume authentique qui m’embarque et me touche à chaque fois, comment voulez-vous que je résiste à les rencontrer.
Mei suit à la lettre les exigences imposées par le Régime et inculquées par son père qui est nul autre qu’un des dirigeants du Parti et ne s’autorise aucun plaisir, aucune distraction, il n’y a que le travail, le respect des règles et rien ne la fera déroger de sa stricte ligne de conduite…Le seul plaisir qu’elle s’autorise, c’est de s’occuper de ses pivoines dans son petit balcon alors vous voyez le genre…
Enfin ça c’était avant qu’elle ne voit défiler un certain nombre de femmes chez son voisin d’en face qui se permet également d’écouter sa musique de fous à un niveau sonore insupportable et qu’elle veuille le dénoncer aux autorités chinoises.
Sauf que les apparences sont trompeuses et cet homme est loin d’être celui qu’elle croit…il est un papa solo qui a quitté l’Amérique avec son petit garçon, afin de lui faire connaître ses origines et celles de sa maman qui n’est plus à leurs côtés.
Ok, de nombreuses femmes passent sa porte mais non son lit…ce n’est que pour son travail de peintre dans lequel il excelle et il est passionné, mais à cause de ce fichu virus, il se retrouve privé de sa liberté, de vivre et de profiter vraiment de ce séjour qui ne devait durer qu’un court laps de temps.
Dès leur première rencontre, ça va faire des étincelles, ce sera même explosif mais pas dans le bon sens du terme, en même temps c’est compréhensible, Mei va s’acharner sur lui et elle ne va cesser de lui faire beaucoup de mal.
Lui qui voulait faire rêver son fils va se voir prendre tous les risques inimaginables et possibles pour le protéger
Jusqu’à ce qu’il réussisse peut-être à lui ouvrir les yeux sur ce que fait réellement son pays et ce que c’est de vraiment vivre.
Encore une fois, c’est brut, c’est réel, c’est criant de vérités, c’est percutant, c’est addictif, c’est dépaysant, aussi cocasse que rageant, touchant et très bien raconté, on s’immerge dans ce voyage, dans leur vie, dans leur histoire, dans leurs différences et dans leur rapprochement avec autant de plaisir, de surprise, d’intensité, de profondeur que de rage et de douleur.
Rajoutez-y une relation père-fils juste magnifique et une sublime tension qu’on aime voir s’enflammer au fil des pages et vous êtes captivés.
PS : encore une fois, une playlist parfaitement choisie qui me fait toujours découvrir et adorer de nouveaux genres et que dire d’un certain passage inoubliable avec un litchi et de la représentation d’un certain bracelet…mais chut à vous de le découvrir…
#EMILIE
le cercle des lecteurs disparus 